Vous retrouverez dans cet article un récit chronologique de mon voyage en vélo à travers la Belgique, illustré par une série de photos et quelques conseils en fin d’article pour vous préparer au mieux si vous décidez de planifier votre première aventure à vélo.
Été 2020 – un jeudi matin de juillet, premier jour, il est 5:00.
Mon réveil sonne, j’ai du mal à ouvrir les yeux, et je me demande pourquoi je fais ça. Ce que j’ai prévu, c’est un tour de Belgique, 1000km répartis sur 5 jours, de l’ouest vers l’est et retour. Mon tout premier bike packing, mes plus longues distances, sans aucune expérience, sans véritable préparation, solo.
Je me lève, mange un petit déjeuner copieux en prévision des kilomètres qui m’attendent, j’enfile ma tenue favorite à ce moment là (mon premier bib short, un Nvayrk x Kraken, et mon jersey Red Hook Crit Milan 7).
J’effectue les derniers préparatifs (débranchement de mes appareils : GPS, smartphone, batteries externes, …), et je fais les dernières vérifications pour m’assurer d’avoir oublié le moins de chose possible.
6:00 – J’enfourche mon vélo, il fait très froid, le vent me fait l’effet de lames de rasoir et mes yeux piquent et se mettent à pleurer. Je me demande à nouveau pourquoi je fais ça.
Les 60 premiers kilomètres sont ennuyants et ne passent pas vite, c’est un parcours que je connais et que j’ai déjà fait souvent. Heureusement, les premières lueurs du soleil rendent la luminosité exceptionnelle et me font redécouvrir ces paysages que je pensais pourtant connaitre par coeur. La rosée du matin recouvre le fleuve que je longe, les pâturages sont pris dans la brume, dans laquelle se dessinent les silhouettes des troupeaux de vaches. Je commence à comprendre pourquoi je fais ça et à en oublier le froid petit à petit.
12:00 – L’heure du déjeuner arrive au bout d’environs 100km, j’en profite pour faire mon premier break sous un soleil radieux.
J’ai décidé de rouler calmement, car à ce moment là ma plus grande distance sur route est de 145km. Ce jour là, 210km sont au programme avec 1500m de dénivelé positif. Les premiers 100km étaient plats. Je sais que le plus dur reste à venir et qu’il faut que j’économise mes forces si je veux pouvoir tenir ces 5 jours.
Après une demi-heure, je décide de me remettre en route, s’ensuit alors un véritablement émerveillement, des paysages qui ne cesseront de me remplir les yeux d’étoiles et d’oublier tous ces kilomètres qu’il me reste à avaler.
20:00 – je quitte le restaurant où je me suis arrêté pour manger un bon plat de pates carbonara et c’est le ventre bien rempli que je me dirige vers le lieu du bivouac pour ma première nuit à la belle étoile.
20:30 – au bout de 210km, j’arrive sur le lieu. Il ne me reste plus qu’à trouver un endroit où me poser. L’endroit est magnifique, et le coucher de soleil sera épic!
6:00 – deuxième jour. Le réveil sonne. Je n’ai presque pas fermé l’oeil de la nuit. Je pense avoir fait toutes les erreurs que l’on peut faire en choisissant l’endroit du bivouac. Pour ma part, j’ai choisi un endroit en pente, sur des galets, au bord de l’eau.
Ce qui veut dire que j’ai glissé vers l’eau toute la nuit, me forçant à me réveiller pour remonter la pente à chaque fois (une bonne dizaine de fois), et le froid qui m’a littéralement empêché de dormir à partir de 4:00. L’humidité et la rosée du matin n’ont fait qu’empirer les choses.
J’avais prévu de lever le camps le plus rapidement après 6:00, mais j’étais tellement frigorifié que je suis resté dans mon sac de couchage à tenter de me réchauffer jusque 8:00.
C’est donc très fatigué que je commence à m’enfoncer dans la forêt sur des sentiers que mon GPS ne semble pas connaitre.
18:00 – Ce deuxième jour aura été le plus merveilleux, même si celui comportant le plus de dénivelé. C’est normal, nous sommes en plein coeur des Ardennes Belges.
Une météo excellente, de belles routes, des paysages variés et splendides, et on termine ça avec une bonne friterie.
Mais le temps est en train de tourner, et il va falloir que je me dépêche si je ne veux pas à avoir à chercher un endroit où passer la nuit avant qu’il se mette à pleuvoir. Et cette fois-ci, je ne ferais pas les mêmes erreurs. Pas au bord de l’eau, sur un terrain plat et sans galets de préférence.
7:00 – troisième jour, j’ai bien appris la leçon et ça a payé, j’ai passé une bien meilleure nuit, même si je n’ai pas réussi à dormir sur mes deux oreilles. Toujours alerte au moindre bruit de peur qu’un animal vienne m’attaquer durant mon sommeil. On peut d’ailleurs voir sur l’une des photos suivantes que j’ai déjà l’air très fatigué au bout de ces deux jours et deux nuits dehors.
11:00 – C’est arrivé au Luxembourg, sur ce ponton, que je me rends compte que j’ai accumulé trop de fatigue et un retard de sommeil trop conséquent.
Ce n’est pas mon corps le problème, mes jambes vont très bien et je peux encore enchainer les kilomètres à ma grande surprise. Mais le mental commence à flancher. En fait, j’en ai simplement marre, je m’amuse un peu moins, l’émerveillement est un peu moins présent et je me rends compte que 3 jours est largement suffisant pour un voyage en vélo et que j’ai peut-être vu un peu trop grand.
C’est donc à partir de là, à 11:00, le troisième jour, que je décide d’écourter mon parcours et d’entamer un trajet direct vers la gare d’Eupen qui se trouve à plus ou moins 100km. Je choisis donc l’itinéraire le plus direct et je fonce, en pensant ne plus voir de beaux paysages. C’était sans compter sur ce que mon petit pays me réserve comme surprise.
19:00 – j’arrive juste à temps à Eupen pour prendre le train. Quelques secondes après être monté, une pluie torrentielle s’abat sur la ville, que je contemple apaisé et détendu sur ce siège de train que je trouve, pour une fois, très confortable. C’est le signe que c’était le bon moment d’arrêter et de rentrer. Épuisé après plus de 500km parcourus au total sur ces trois jours, les yeux gonflés et la tête remplie de souvenirs mémorables.
Une aventure solitaire, une expérience extraordinaire.
Vous êtes encore là? Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout.
En espérant inspirer certains à se dépasser et à tenter leur propre aventure.
Je tiens à remercier tout particulièrement George de m’avoir prêté son matos, de m’avoir fourni de précieux conseils avant de partir et surtout pour avoir confectionné des sacoches qui m’ont été d’une grande utilité et qui m’a permis de rendre ce voyage possible.
@soutien.george | @moga.bags
Merci également à Théo pour le prêt de son sac de cadre Ortlieb
@theovzki_
Based in Belgium, riding everywhere.
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